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Audio Guide: The Next Page - Transcripts

Welcome to the UN Library and Archives Geneva's Audio Research Guide! Here you'll find episodes from our own podcast, The Next Page, as well as podcasts and audio from or on the UN system and multilateralism.

Le rôle des savoirs autochtones dans la lutte contre le changement climatique, avec Carine Ayélé Durand et Antine Sonde

by Yunshi Liang on 2022-05-31T14:28:44+02:00 in Development, Environment, Europe, Health, Human Rights, Humanitarian Affairs, International Relations, Member States, Peace & Security, Sustainable Development, United Nations | 0 Comments

 

 

 

Antine Sonde 

Le message que je lance en tant que peuple autochtone c'est de demander aux États, aux décideurs politiques de bien vouloir intégrer ces savoirs autochtones dans les prises de décisions pour que des vies humaines soient protégées. Donc c'est ça, vraiment, on a besoin que les États prennent des décisions fermes par rapport à cette question liée au changement climatique.  

Kelly Le Normand 

Bonjour à toutes et à tous, mon nom est Kelly Le Norman, et je travaille à la Bibliothèque et Archives des Nations Unies à Genève. 

Je suis aujourd'hui au micro pour ce nouvel épisode de The Next Page, notre podcast destiné à faire avancer la conversation sur le multilatéralisme. 

Nous accueillons aujourd'hui Carine Ayélé Durand, conservatrice en chef, responsable de l'unité collection et directrice ad intérim du musée d'Ethnographie de Genève et Antine Sonde, Senior Fellow  auprès de la section Peuple Autochtone et Minorités du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'Homme pour parler des peuples autochtones face au changement climatique. 

Dans cet épisode, nos invités partagent avec nous des exemples concrets témoignant de l'impact direct du changement climatique sur les peuples autochtones qui protègent pourtant jusqu'à 80% de la biodiversité de la planète. Enfin, ils soulignent la nécessité d'impliquer les peuples autochtones dans les politiques du monde et d'intégrer leurs savoirs dans les prises de décisions. Bonne écoute. 

Alors, merci Carine Ayélé Durand et Antine Sonde de vous joindre à nous et bienvenus. Nous vous retrouvons aujourd'hui au musée d'Ethnographie de Genève. Pourriez-vous vous présenter à tour de rôle ainsi que votre organisation à nos auditeurs ? 

Antine Sonde 

Je suis Antine Sonde, je suis Senior Indigenous Fellow, je suis avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'Homme au niveau de la section peuples autochtones et minorités. 

Carine Ayélé Durand 

Bonjour, je m'appelle Carine Ayélé Durand, je suis conservatrice en chef responsable de l'unité collection au MEG, au Musée d'Ethnographie de Genève.  

Kelly Le Normand 

Pourriez-vous parler un peu plus de vos organisations respectives ? Qu'est-ce que vous faites dans le cadre de votre travail ? 

Antine Sonde 

Alors pour ce qui est du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'Homme, je suis au niveau de la section peuples autochtones comme je le disais précédemment. Et la section Peuples Autochtones et Minorités s'occupe exactement sur la promotion des droits des peuples autochtones. 

Il y a aussi les minorités qui sont prises en compte par rapport à la question des minorités. Quand on parle des minorités, il y a les minorités religieuses, les minorités ethniques et aussi on a les minorités linguistiques. Donc c'est en fait quand on parle de minorités, au niveau des Nations Unies, c'est précisément ça dont on parle en fait, c'est les 3 minorités. Et les peuples autochtones comme c'est bien déclaré au niveau de la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones, donc c’est sur les peuples qui ont accepté, puisque en fait il n'y a pas une définition pointue par rapport à la question des peuples autochtones, mais il y a une reconnaissance. Les hommes se reconnaissent en tant que peuple autochtone. Les Nations Unies ne fait pas de polémique par rapport à ça, par rapport à la connaissance des peuples autochtones, mais il y a au moins une définition qui, qui se base sur la question d’eux à la question de la terre. C'est vraiment important pour les peuples autochtones. Ils sont attachés à la terre donc c'est déjà quelque chose de très basique qui est vraiment fondamental pour les peuples autochtones.  Alors, je suis aussi au niveau du programme de bourses des peuples autochtones et des minorités, et ce programme de bourses, c'est un important programme de formation comme on dit. Donc, c'est des bourses que les Nations Unies offrent aux minorités et aux peuples autochtones pour pouvoir participer, pour pouvoir en fait venir au niveau de Genève. 

On avait la possibilité de faire venir des peuples autochtones de partout et des minorités de partout pour les former sur les questions des droits de l’homme, ils vont comprendre les droits et aussi être formés sur la question du système des Nations Unies et les mécanismes, les questions pour bien comprendre la participation des peuples autochtones au niveau des Nations Unies. Donc, il fallait qu'on forme ces peuples autochtones. Donc, ils ont reparti les jours et formé les autres. C'était une continuité de formation qui se passe comme ça. 

Carine Ayélé Durand 

Donc moi je suis donc conservatrice en chef, je m'occupe de l'unité qu'on appelle, c'est un secteur, un département des collections. Donc, je suis responsable d'un secteur, je coordonne le travail de plusieurs personnes, des conservateurs, des conservatrices mais aussi des restauratrices, également des techniciens de collections. 

C'est à dire que notre travail, c'est ce qu'on dit souvent, c'est de prendre soin de l'ensemble des collections du Musée d’ethnographie de la ville de Genève. Les collections concernent réellement tous les continents, inclut aussi le continent européen. 

Donc on a des objets qui proviennent de plusieurs époques, de plusieurs pays, de vraiment plusieurs régions du monde. Et le travail, c'est d'étudier l'origine de ces objets, comment ils sont arrivés au musée, dans quel contexte ils ont été produits, et donc ce qu'on fait, c'est qu'on on prend soin de ces objets dans toute leur vie, en fait, leur vie d’objet. À partir du moment où ils rentrent dans le musée jusqu'à ce qu’ils soient présentés dans des expositions ou alors replacés dans des réserves avec des réserves, des lieux où les objets sont conservés. 

Des restauratrices font parfois des travaux de restauration sur ces objets notamment avant des expositions. On a aussi un musée qui a prêté ses collections à d'autres institutions, hors de la ville de Genève, ou même au sein d'autres musées de la ville de Genève, donc moi je coordonne ces travaux-là. 

Kelly Le Normand 

Et donc vous êtes co-curatrice de l'exposition Injustice environnementale alternative autochtone au musée d'Ethnographie, pouvez-vous nous la présenter ? 

Carine Ayélé Durand 

Oui. Donc cette exposition a ouvert en septembre 2021. C'est une exposition qui aborde la question du changement climatique mais aussi des dégradations environnementales qui sont accélérées par le changement climatique. Cette exposition a été réalisée en collaboration avec des peuples autochtones du monde entier. 

Kelly Le Normand 

Et d'où est venue cette idée de lier la thématique du changement climatique au peuple autochtone ?  

Carine Ayélé Durand 

Alors en fait, l'idée est venue tout simplement de l'engagement des peuples autochtones par rapport à cette question, puisque les peuples autochtones représentent à peu près 500000000 d'individus, vraiment sur tous les continents et sont directement affectés par les changements climatiques.  

Que ce soit la montée des eaux, la fonde des glaces, vraiment ce sont les peuples qui sont le plus confrontés à ça. Et ils sont également extrêmement impliqués dans de nombreux forums, à la fois au niveau national et international pour essayer de déjà de répondre à ces à ces menaces, et puis chercher, activement grâce à leur savoir traditionnel aussi, des solutions. 

Kelly Le Normand 

Est-ce que vous pourriez nous expliquer un peu plus en quoi le changement climatique impacte directement ces peuples autochtones. 

Antine Sonde 

Alors, je suis de la Communauté Pasteur Nomade du Burkina Faso, qui est une communauté assez large au niveau du Sahel, c’est une communauté reconnue par la Cour Africaine des Droits de l'Homme comme peuple autochtone, donc nous avons cette vie nomade où nous nous déplaçons d'une région, d’une zone à une zone, parce que nous avons acquis ce système des milliers d'années. 

C’est le système que nous continuons parce que c'est une pratique qui permet en fait de non seulement de protéger l'environnement, mais en fait, de conserver ce que nous avons comme bien. Parce que quand nous faisons des mouvements, en fait le nomadisme, c'est une façon de protéger l’environnement. 

Alors l'impact que nous recevons, d'abord le premier niveau de l'impact, c'est au-delà du fait qu'il y a, c'est le, le fait que les sols deviennent aussi la plupart du temps, parce que nous dépendons directement de la terre et notre vie, c'est l'environnement. La vache que nous avons, elle mange de l’herbe, et nous utilisons le lait que nous recevons de la vache et c'est comme ça, parce que s'il n'y a pas de l'environnement, l'animal ne va pas manger et si l'animal ne mange pas, c'est que nous aussi on ne mange pas, donc on est impactés exactement quand nos animaux soient impactés. Et la rareté aujourd'hui des pâturages, impacte gravement, les ménages de personnes normales, que ça soit au niveau du Burkina, dans tout le Sahel. Vous prenez le lac qui est en train de devenir de plus en plus rétréci : le fleuve Niger, qui était assez vaste, devient de plus en plus rétréci et la réalité des pluies. Et qu'est-ce qui se passe actuellement avec ces changements climatiques que nous observons ? 

Il y a une augmentation des conflits intercommunautaires. C'est une des conséquences directes du changement climatique parce que les populations agriculteurs qui avaient la possibilité d'avoir une portion de terre pour pouvoir survivre, veulent augmenter puisque la terre n'est plus encore favorable à cultiver. Et donc, les zones occupées par les Pasteurs Nomades, c'est des zones assez favorables. Donc ils l’occupent et il y a l’occupation des ressources qui devient un problème. Une problématique aujourd'hui pour les populations et pour les personnes normales c'est une situation assez dramatique parce que le fait de cultiver autour des fleuves, le fait de cultiver autour des points d'eau, ça devient plus compliqué pour avoir accès et c'est des conflits qui sont nés. Donc ces changements climatiques impactent directement que ça soit avec le problème des inondations, des vents assez violents qui emportent leurs biens parce que la plupart du temps, on fait des constructions assez modestes et quand il y a des vents violents ça vient emporter ce que les personnes normales utilisent. 

Donc....ce sont les mêmes impacts, les impacts qu’on remarque aujourd’hui. Parce que la plupart du temps les peuples autochtones vivent dans des zones qui sont réellement en contact avec l'environnement, c'est des zones ou si vous avez identifié la grande majorité de nos forêts sont détenues par des peuples autochtones dans le monde, la majorité des peuples autochtones vivent dans des zones totalement, où il y a de grandes forêts. Et c’est eux qui ont des impacts directs sur le changement climatique, c’est eux qui vivent les impacts du changent climatique parce que si la nature se révolte, elle se révolte avec ceux qui sont directement en contact avec elle. 

Malheureusement, la nature se révolte sur les pauvres autochtones qui n’ont rien fait à cette nature, donc c'est ça qui fait que les populations autochtones sont victimes de ce changement climatique mais ne sont pas du tout auteurs de ce changement climatique, malheureusement. 

Carine Ayélé Durand 

Oui ça en fait, c'est ce qu'on essaie de mettre en avant dans l'exposition. C'est exactement ça, les peuples autochtones, bien qu'on sache qu'ils protègent jusqu'à 80 % de la biodiversité de la planète, sont les peuples qui sont les plus directement touchés par son changement climatique, sans être en effet, comme disait Antine, les auteurs de cette accélération. 

Kelly Le Normand 

Et donc aussi les peuples autochtones ils ont un certain nombre de connaissances. Comment est-ce qu'on peut tous bénéficier de cette union entre la science occidentale et les connaissances autochtones pour atténuer les effets du changement climatique ? 

 Antine Sonde 

Je pense que par rapport à ça, il y a eu les Nations Unies qui ont déjà vu effectivement que les peuples autochtones ont certaines connaissances et c’est pourquoi il y a cette plateforme. Lors de la COP 26, il y a eu cette décision d'impliquer les peuples autochtones dans les prises de décisions par rapport à la question de la protection de l'environnement.  

Alors qu'est ce qui se passe ? On sait qu'il y a une manière de protéger l'environnement et ce savoir est important qu'on le mette à la connaissance de tout le monde pour que les décideurs, que ça soit au niveau politique puissent comprendre que ces connaissances puisent être mises en œuvre pour protéger. Si les gens pensent que les peuples autochtones sont impactés par le changement climatique ce n’est pas eux seulement que ça concerne mais tout le monde aujourd'hui. Que ça soit en Genève, il y a eu un moment de changement, où la poussière de Sarah a envahi jusqu'à Genève jusqu'à la source parce qu'au fur et à mesure les inondations qui se passent en Europe, que ça soit à Genève ou en Allemagne en 2021 ou il y a eu beaucoup des inondations. 

Si toutefois le monde entier se met ensemble et qu'on met en place, on suit ce que le peuple autochtone est en train de donner comme connaissance, la manière de protéger par exemple l'eau, la manière de protéger un peu les plantes. 

Vous savez, il y a une façon, puisque chaque plante, chaque arbre a une manière d'être protégée parce que les arbres... Nous avons identifié une façon de voir. Quand vous regardez certains arbres, vous savez que ces arbres permettent de conserver un peu le végétal et ça permet de de garder l'humidité pendant longtemps et ça permet à ce qu'il y a certaines espèces animales ou des oiseaux qui participent à la continuité. Que ça soit les peuples qui connaissent parce qu'ils sont en contact, c'est un monde que les gens comprennent telle espèce, si elle disparaît de cet environnement-là, il y aura un problème. Mais comme nos savoirs ne sont pas écrits, c'est des savoirs transmis plutôt par la voie orale. Et la plupart du temps, c'est ça qui pose le problème. Le besoin actuel, c'est de faire de sorte à ce que on identifié la possibilité à ce que les peuples autochtones soient associées à l'écriture de les savoir et à les conserver. Ce sont des savoirs que nous pouvons conserver. 

Carine Ayélé Durand 

C’est vrai que c’est important aussi quand on pense à la collaboration entre scientifiques et peuples autochtones, c'est bien s'assurer de la part des scientifiques qu'il y a un consentement qui ait bien été cherché. Vous voyez ces peuples autochtones, et que des protocoles aussi soient mis en place en fonction évidemment des savoirs des peuples autochtones, et puis évidemment de leurs besoins et leurs intérêts aussi. 

D'ailleurs, un article qui a paru très récemment dans le journal Nature qui parle justement de cette problématique de comment le savoir traditionnel autochtone peut vraiment bénéficier et comment aider réellement la science. Mais pour ça, il faut que les scientifiques aussi prennent en compte le fait que les peuples autochtones doivent être consultés à tout moment. 

Kelly Le Normand 

Et donc la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, a été adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU le 13 septembre 2007. Pourriez-vous nous parler de cette déclaration et nous expliquer en quoi elle diffère de la Déclaration des Droits de l'Homme ? 

Antine Sonde 

Alors donc, cette déclaration des Nations Unies sur le droit des peuples autochtones est une lutte de longue haleine pour les peuples autochtones. C'était une lutte de plus de 20 ans qui a été acquise en 2007 et une lutte d’un certain groupe qui avait décidé à un certain moment de la participation. Parce que les peuples autochtones n'étaient pas pris en compte. C'est vrai que la déclaration universelle des droits de l'homme prenait en compte tous les peuples, mais il y a une particularité liée à la réalité des peuples autochtones qui n'était pas du tout prise en compte.  

Je n'ai pas dit que c'est les peuples autochtones ne sont pas des êtres humains, ils sont comme tous parce que la déclaration des droits de l'Homme Universelle des droits de l'Homme, c'est une déclaration qui enveloppe l'ensemble. Mais cette déclaration des Nations Unies, c'est une façon en fait de permettre de donner la voix à ce peuple qui a été longtemps marginalisé.  

C'est une voix de permettre à ce peuple-là qui a été notamment marginalisé, puisse maintenant apparaître pour parler d’eux-mêmes aujourd'hui. Quand vous prenez un peu la question de l'évolution, de l'historique même, de la Déclaration, vous regardez un peu l'historique de cette déclaration, vous verrez qu'il y a eu un combat de longue haleine qui a été menée et à un moment donné, on dit non : pourquoi faire une déclaration sur les droits des peuples autochtones alors qu'il y'a une déclaration universelle qui est là ?  

Les peuples autochtones ont fait savoir aux Nations Unies, aux leaders du monde entier, que la situation est totalement particulière, qu'elle a besoin d'être observée et que les peuples autochtones, puisqu'au départ, on disait, on ne dit pas les peuples autochtones. OK, il y avait eu ces discussions qui sont qui sont revenus et c’est un combat, on disait les populations indigènes de plus des populations indigènes, on est arrivé maintenant. Nous, on ne nous appelle pas de population indigène, nous sommes des peuples, c’est des peuples, et ça englobe cette réalité-là, la vie de ces peuples particuliers qui a tant souffert pendant des siècles sous la colonisation. Je suis désolé de le dire, que ça soit en Afrique, en Asie ou en Amérique Latine, aux États-Unis, il y a eu cette situation de colonisation qui a été, qui a beaucoup impacté les peuples autochtones et qui ont été gardés pendant des siècles en silence. Mais à partir du moment où les gens ont commencé dans les années 80 jusque dans les années 90 jusqu'à 2000. C’est en 2007 que finalement, un groupe de travail avant 2007, il y avait un groupe de travail qui a été mis en place, qui a permis de discuter un peu sur la question des droits des peuples autochtones. Le droit des peuples autochtones est un droit collectif. Donc il faut spécifier ça alors qu'au niveau de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, c'est une déclaration, c'est le peuple, c'est chaque individu, mais ici, ça englobe un droit collectif. 

Et le droit collectif est lié à la question de la terre, à la question de l'appartenance culturel, à la question de la politique. Donc tout cela, c'est des aspects, quels sont les....au niveau politique au niveau culturel, la promotion des droits des peuples autochtones au niveau culturel. Donc, c'est un droit collectif, c'est une déclaration qui a facilité aujourd'hui pas mal de science au niveau des Nations Unies. 

Il y a eu à cause de cette déclaration : aujourd'hui, nous avons ce qu'on appelle le mécanisme d'experts pour le droit de vote autochtone et on a aussi le front permanent, la séance permanente, pour le droit des peuples autochtones. 

Les Nations Unies ont eu l'idée de permettre à ce qu'il y a toujours dans la lutte, la libération dans la lutte, la reconnaissance des droits des droits autochtones. 

Ce mécanisme entraîne mis en place par les Nations Unies pour permettre à ces peuples-là, peuples autochtones de, d'avoir des possibilités de venir s'exprimer devant les Nations unies par rapport à leurs droits, par rapport à leur situation, de se dire que non, voilà, nous ne sommes pas séparés, nous sommes part du monde, mais nous faisons partis du monde. Nous vous participer aux politiques du monde, nous ne voulons pas être mis à part. 

L’écart que... Depuis des années, on nous a mis à l'écart. Maintenant nous voulons aussi donner notre voix et de plus en plus, au niveau du Conseils de Droits de l'Homme, les peuples autochtones, pour des raisons commencent une demi-journée pour discuter de leur voix. Et c'est une des évolutions qui est en train de se faire au Niveau des Nations unies. 

Kelly Le Normand 

Donc vous avez parlé que en fait cette déclaration, ça a été un travail de longue haleine. Et pourquoi est-ce un défi de faire entendre la voix des peuples autochtones ? 

Carine Ayélé Durand  

C’est un grand défi. Ça on met avant notamment dans la partie historique de l’exposition, toute au début au niveau de l'introduction. Un grand défi, en effet, c'est de reconnaître que les peuples autochtones sont des peuples, donc comme des gouvernements. Donc, ils travaillent vraiment de nation à nation en relation directe avec les États dans lesquels ils vivent, mais en tant que gouvernement, on pourrait peut-être dire comme ça, comme un gouvernement presque autonome. 

Ça c’est très difficile et très compliqué à mettre en œuvre comme disait Antine, en termes de reconnaissance au quotidien, au jour le jour sur le terrain, c'est parfois très difficile à mettre en œuvre. 

Kelly Le Normand 

Et dans le cadre de l'exposition, le musée d'Ethnographie a demandé à la Bibliothèque et Archives de l'ONU Genève de lui prêter une série de documents dont la Déclaration des droits des peuples autochtones en langue Maya. 

Quel rôle pensez-vous que ce document, et plus largement l'histoire ou les archives, puisse jouer dans la compréhension des thématiques actuelles, telles que celles liées au peuple autochtone et au changement climatique ? 

Carine Ayélé Durand  

Ce qui nous a semblé important, et c'est pour ça qu'on a voulu s'appuyer sur des documents historiques, c'était de rappeler que les événements dont on parle aujourd'hui, la mobilisation des peuples autochtone face aux changements climatiques. Finalement, les racines de tout ça sont bien plus anciennes et c'est important pour nous de montrer aussi qu'une grande partie de ses racines plongent très profondément dans l'histoire de Genève. Et ce qu'on a pu mettre en avant grâce à des documents historiques, c'est que déjà il y a près de 100 ans, en 1923, un représentant chef Cayuga des nations iroquoises est déjà venu à Genève en 1923 pour être entendue auprès de la société des nations à l'époque, pour pouvoir représenter sa nation. Et à ce moment-là, ce qu'il voulait, c'était de montrer les difficultés qu'il y avait en tant que nation à entretenir des relations éthiques équitables avec le gouvernement canadien. Et là, ce qu’on voulait vraiment mettre en avant, notamment par l'emprunt qu'on a fait auprès des archives de l’ONU, c’est de de de parler de cette déclaration et de rendre si tout le monde conscient, cette déclaration a été traduite dans de multiples langues pour permettre justement à tous les peuples autochtones où qui ‘ils se trouvent dans des zones urbaines, dans des zones rurales, de manière à ce qu'ils connaissent leurs droits, puisque ce sont des droits et ces droits sont inscrits dans cette déclaration. 

Donc c'est pour ça que c'est important pour nous de de montrer déjà que ces documents sont là et pour prendre conscience et diffuser plus largement la connaissance. 

Kelly Le Normand 

L’histoire peut-elle avoir un réel impact sur le processus de prise de décision de gouvernement ou de réalisation ? 

Antine Sonde 

Bon, parce que ça, c'est une question qui... L'histoire a toujours permis à ce que les questions des droits de l'homme même, c'est une évolution. 

Il y a plusieurs choses qui n’ont pas été prises en compte dès le départ. Dans la déclaration de quand on parle aujourd'hui des droits LGBT ou autre, aujourd'hui... ça n'était pas pris en compte dès le départ, mais vous savez l'histoire, disons même les droits de l'homme suit un peu l'évolution de l'espèce, de la civilisation humaine, c'est ça aussi faut voir. 

Alors, au fur et à mesure, qu'aujourd'hui au départ, il n'y avait qu'un, ce qu'on appelle un working group sur les protocoles, il n’y avait pas vraiment une Déclaration qui existait au départ jusqu'à ce qu'on arrive à une déclaration qui est reconnue aujourd'hui pas mal par des États et au fur et à mesure, il a pas mal des États qui sont en train de prendre en compte l'avis des peuples autochtones. 

Alors le Canada, est devenu aujourd'hui un leader au niveau, la promotion des droits des peuples autochtones, malgré que la situation soit toujours un peu compliqué... mais disons pas mal d'États comme le Canada, la Nouvelle Zélande, la Groenland, le Danemark, pas mal de pays, la Suisse, la plupart des pays aujourd'hui sont en train de considérer que les droits des peuples autochtones c'est une chose qu'il faut prendre au sérieux. Il faut vraiment réorienter un peu la question du droit de l'homme sur la question des peuples autochtones. C'est très important, de plus en plus. 

Quand vous prenez aujourd'hui au niveau de la question de l'environnement, de plus en plus, les plus entendus aujourd'hui, ce sont les peuples autochtones. Je prends Hindou Oumarou, qui est une femme leader dans laquelle sont de quel changement climatique, qui est du Tchad. Elle se défend aujourd'hui, avec les autres peuples autochtones du monde entier pour faire valoir la question des droits des peuples autochtones dans les pays de décision. Et cette prise de décision, cette intervention aujourd'hui évolue de plus en plus. On donne des espaces au peuples autochtones pour pouvoir... Au départ, il n'y avait pas, on ne pouvait pas parler des peuples autochtones. Quand on parlait de COP, on entendait parler de réunions, des grands décideurs n'allait pas avoir un seul représentant autochtone. Mais de plus en plus, les États apportent cette possibilité, cette participation, aux peuples autochtones. C’est ce qui montre qu’il y a du changement, c'est qu'on on observe. L'histoire nous permet de voir au fur et à mesure, qu’on on prend en compte l'évolution des besoins, des réalités qui sont là.  

Maintenant, au niveau du programme, au niveau de la section peuple autochtone, on a un programme qui prend en réalité le programme de bourses qui prend en considération d’un point de vue historique. Parce que quand les bourses, quand les gens viennent les former en tant que bourses autochtones aux minorités, on prend en compte puisqu'ils vont étudier un peu cette Déclaration et au fur et à mesure, comprendre un peu l'évolution historique de de tout ce qui a été fait auparavant pour qu’ils puissent prendre les leçons, apprendre ce qui a été fait de bon, et ce qui peut être exporté pour que ça puisse continuer ainsi. Nous formons les hommes depuis la création du programme de bourse on 1997, il y a plus de 600 boursiers qui ont été formés à Genève. Et tous ces 600 boursiers qui ont été formés à Genève sont repartis sur les territoires. Ils vont continuer à être repartis puisque c'est ce sont des changements de mentalité. Au fur et à mesure qu'il y a ce mouvement de peuples autochtones qui grandit parce que c'est le besoin de faire grandir ce mouvement. Et de plus en plus le mouvement de peuple autochtone grandit dans le monde, les États sont obligés à être soumis, à se plaindre. Parce qu'il peut plus...ce mouvement qui grandit de plus en plus. Et de plus en plus, on a vu que certains Etats ont commencé même à introduire la possibilité que les peuples autochtones puissent être membres de gouvernement et les ministres. Au Burundi, il y a une autochtone qui a été nommée ministre au niveau des femmes. 

Ça veut dire ce que ça veut dire. Il y a les États qui commencent à incorporer un peu les peuples autochtones et les pygmées au niveau du... à intégrer dans la Communauté Batwa. C'est déjà une première pour l'Afrique, qu’une Batwa a été nommée Ministre au niveau du gouvernement. Au Congo, il y a un changement. Au niveau du Parlement, il y a eu une loi qui a été votée pour la protection des peuples autochtones au niveau du Congo.  Et vous savez que la grande forêt au niveau du bassin du Congo est protégée par la communauté Batwa. Et c'est ça, c'est une évolution qui est en train de se faire. Et vous savez la plupart de ça ce sont les Etats africains qui sont toujours en retard dans l'application des gestes. Mais le fait que nous voyons déjà au niveau de l'Afrique, au niveau de l'Amérique, on a pas mal des gens qui sont au niveau du Parlement canadien, il y a eu pas mal de gens du peuple autochtone qui ont été votés qui participent aujourd'hui au Parlement canadien. Donc c'est une évolution qui s'est fait dans le monde, donc historiquement il y aura quelque chose qui va changer et que ça va impacter beaucoup plus l'implication du peuple autochtone dans le changement climatique.  

Carine Ayélé Durand 

Donc, le réseau est extrêmement intense, extrêmement large. C'est encore quelque chose qu'on avait essayé de mettre en avant dans l'exposition aussi, grâce notamment à des entretiens, nombreux de personnes qui ont été interviewés, il y a 10 entretiens individuels qui ont été faits, beaucoup sont des anciens stagiaires de l'ONU. On voit bien que cette combinaison entre études historiques et problématiques politiques aujourd'hui se réunit et on entend, quand on écoute ces entretiens, on voit très bien l'association entre histoire et prise des décision aujourd'hui au niveau gouvernemental, notamment sur des questions climatiques. 

  

Kelly Le Normand 

Et de quelle manière est-ce que l'intégration du point de vue des minorités telles que le peuple autochtone permet de favoriser un multilatéralisme plus inclusif ? Et quel rôle peuvent jouer les minorités dans la prise de conscience de l'urgence climatique ? 

Carine Ayélé Durand  

Je suis assez intéressée par cette question de multilatéralisme parce que dans ma compréhension du multilatéralisme, il y a cette notion justement de collaboration entre États qui se réunissent pour définir des règles communes. Et je trouve ça extrêmement intéressant de réfléchir à ça dans une optique minorité peuples autochtones. 

On a parlé tout à l'heure de cette difficulté de reconnaître le fait que les peuples autochtones sont des peuples au niveau des Etats. Donc en effet comment insérer et impliquer les minorités et par rapport à ça, moi, ça me, ça me fascine de voir comment ça se passe. 

Donc clairement, je dirais qu'il y a une ambition de voir quels mécanismes on peut mettre en place pour que les voix des minorités et des peuples autochtones en particulier soient vraiment mis sur la scène pour chercher des règles justement communes et des solutions communes.  

Antine Sonde 

Alors, Carine, elle vient d’observer effectivement avec comme on avait dit, au niveau des Nations Unies, qui a déjà pris un grand pas par rapport à ça. 

L'année passée, il y a eu une table ronde lors du Conseil des droits de l'Homme en septembre 2025. Il y a eu une table ronde autour de la question du peuple autochtone qui réunissait presque tous les Etats qui étaient là au Conseil des Droits de l'Homme. Donc il y avait une participation large de représentants. Les représentants autochtones ont donné de leur voix pour qu’il y ait une participation parce que la plupart du temps, dans le Conseil des droits de l'homme, c'est le Conseil des États. Il faut reconnaître la participation des ONG. Les peuples autochtones participent uniquement par la voix des ONG, mais de plus en plus, les peuples autochtones veulent participer comme les autres. C’est vrai que le Conseil des droits de l'homme est consacré uniquement aux États. 

Mais de plus, en plus il y a déjà des mesures qui ont consacrées uniquement au peuple autochtone. C'est déjà un pas, et au fur et à mesure, il y en aura un autre encore, puisque l'année passée en 2020, on a eu la possibilité d'avoir presque 2 jours consacrés uniquement à la question du peuple autochtone parce qu’il y a le rapporteur spécial qui vient pour faire un rapport sur la question des peuples autochtones. Mais au-delà de Genève, parce que on parle de Genève ici, le Conseil des Droits de l'Homme c’est à Genève, il y a une collaboration qui est incitée par le fait que lorsqu'on forme les boursiers, ils repartent sur les territoires, ils ne sont pas, ils ne vont pas aller en fait lutter contre les États, mais une collaboration se fait. Parce que quand ils arrivent à Genève déjà, ils font une visite au niveau de des Parlements, au niveau des représentations diplomatiques des Etats. Ils font une visite aux représentations diplomatiques qui sont là. Ils rencontrent les représentations diplomatiques pour permettre à ce qu'il y ait une collaboration des autochtones qui viennent de ces États-là, que ces États prennent en compte la réalité de ce peuple autochtone. 

Donc, c'est important qu'il y ait cette collaboration, s'il n'y a pas cette collaboration entre les peuples autochtones et les États, le travail, ça sera encore une longue haleine de combat. 

L'objectif c’est que les Etats incorporent, acceptent de collaborer avec les peuples autochtones parce que les changements climatiques dont on parle n’impliquent pas seulement les peuples autochtones mais les États en tant que tels, le développement des États. 

Mais si les États acceptent de collaborer avec les peuples autochtones, de continuer à prendre en compte les questions, les droits des peuples autochtones et les connaissances des peuples, les savoirs des peuples autochtones, je pense que c'est du bien des États aussi. 

Kelly Le Normand 

Donc nous avons abordé de nombreuses questions aujourd'hui et parlé du rôle des peuples autochtones dans la lutte contre le changement climatique. Auriez-vous quelques réflexions à partager avant de conclure ? Quel message aimeriez-vous laisser à nos auditeurs ? 

  

Antine Sonde 

Alors d'abord pour la question des peuples et le changement climatiques, c'est une préoccupation urgente parce qu'elle menace la disparition d'un grand nombre de peuples historiquement qui constituent une mosaïque d’histoire du peuple autochtone. La plupart, c'est des peuples qui ont une existence qui fait la multiciplité, le multiculturalisme mondial même.  

Elle, même si à cause de changements climatiques, les peuples autochtones sont obligés de quitter leur environnement, c'est une disparition. Donc, la disparition culturelle des populations autochtones va impacter directement sur cette beauté de la culture mondiale. 

Du moment où il n'y a pas un engagement ferme pour protéger cet environnement, on est appelés à changer de mode de vie ou à disparaître totalement. Et quand nous changeons de mode de vie, nous sommes plus, nous avons disparu. 

Et quand on me dit aujourd'hui, une personne normale qui ne sait pas amener ses animaux dans un endroit où les animaux ont la possibilité de bien manger, ce n’est pas normal. 

Le changement c’est opérer. Donc c'est un message que je lance en tant que, peuple autochtone c'est de demander aux États, aux décideurs politiques, de bien vouloir intégrer ces savoir autochtones dans les prises de décision pour que des vies humaines soient protégées. Ce n’est pas seulement de protéger la culture, les réalités culturelles, mais de protéger des vies humaines. 

Donc c'est ça, vraiment, on a besoin que les États prennent des décisions fermes par rapport à cette question liée au changement climatique. 

Carine Ayélé Durand 

Moi j'espère qu'une exposition comme la nôtre en fait, permettra réellement de mettre en avant le fait que notre relation est possible avec l'environnement, notre relation qui n'est pas basée que sur l'exploitation des ressources, mais une relation qui est basée sur le respect, sur l’interdépendance. On est beaucoup plus conscient du fait qu'on est complètement interdépendants avec d’autres espèces, avec les humains d'un côté, les autres espèces de l'autre. Je pense qu'une autre relation est possible. J'espère que c'est ce que les visiteurs ressentiront quand ils auront vu notre exposition. Par contre, cette autre relation est possible que si les États en effet reconnaissent les droits des peuples autochtones. 

Kelly Le Normand 

Merci beaucoup Carine Ayélé Durand  et Antine Sonde d'avoir été des nôtres aujourd'hui. Merci. 

 


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